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Le subjoncit en français actuel: Mode verbal et mode d'expression significatif au niveau énonciatif

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Academic year: 2020

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Universidad de Valladolid

GRADO EN LENGUAS MODERNAS Y SUS LITERATURAS

TRABAJO FIN DE GRADO

LE SUBJONCTIF EN FRANÇAIS ACTUEL :

MODE VERBAL ET MODE D’EXPRESSION

SIGNIFICATIF AU NIVEAU ÉNONCIATIF

Presentado por:

Silvia García González

Tutelado por:

Catherine Desprès Caubrière

Año :

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TABLE DES MATIÈRES

INTRODUCTION………... [p. 3]

I. STATUT DU SUBJONCTIF

a. Contexte historico-culturel du subjonctif……….…..[p. 5]

b. Opposition modale subjonctif/indicatif (représentation guillaumienne)…[p. 7]

c. Opposition stylistique entre les temps du subjonctif………[p. 10]

d. Opposition entre les valeurs des tiroirs du subjonctif ………..[p. 12]

e. Opposition dans la catégorie de la personne ………[p. 14]

II. EMPLOI(S) DU SUBJONCTIF

a Niveau syntaxique ...[p. 17]

b. Emploi contraignant... [p. 20]

c. Emploi en alternance : Indicatif/Subjonctif ...[p. 19]

d. Emploi polyphonique ... [p. 21]

e. Emploi en concordance et non concordance ...[p. 26]

III. CHAPITRE CONTRASTIF : ESPAGNOL/ FRANÇAIS

a Les valeurs du subjonctif espagnol...[p. 29]

b. Conditionnements du subjonctif dans les deux langues ... [p. 31]

 Cas de traduction littérale

 Cas de traduction divergente

c. Exploitation formelle d’un corpus parallèle...[p. 36]

CONCLUSION………(p. 43 )

BIBLIOGRAPHIE ... ....[p. 45] ANNEXE I

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Introduction

Le sujet de ce Trabajo de Fin de Grado a été abordé d’un point de vue théorique dans la matière Étude linguistique étant, par conséquent, un thème lié à mes études. En outre, ce sujet m’a semblé intéressant à cause de son développement orienté vers la transversalité, grâce aux relations directes existantes entre une modalité énonciative et son mode d’expression, et aux relations reflétées en traduction entre l’analyse textuelle, la littérature et l’interculturalité, du fait que ce sujet implique la considération des catégories grammaticales, des registres langagiers, et de l’environnement social et culturel. C’est pour cela qu’il implique, aussi, un angle stylistique.

En outre, les sujets qui m’intéressent le plus sont ceux qui ont un rapport avec la langue française dans la facette linguistique, notamment l’analyse du discours et textuelle, aussi bien dans la langue littéraire que dans la langue spécifique. C’est pour cette raison que mon travail abordera les aspects cités précédemment.

La langue française se caractérise par un système d’oppositions (oral/écrit, registres de langue, etc.), qui se répercute sur différents plans linguistiques, par lequel le subjonctif est également concerné. On sait que cette vision contrastée n’a pas réellement de correspondance en espagnol, et par conséquent présente toujours un problème de traduction entre les deux langues.

Le travail compte sur les résultats d’un perfectionnement linguistique et communicatif, déjà acquis en quatrième année du « Grado en Lenguas Modernas y sus Literaturas », résultats qui doivent être reflétés dans le développement même des contenus du travail.

Du point de vue de la méthodologie, le plan de mon travail s’articule autour de trois sujets d’intérêt, suivant une étude synchronique, en partant d’un contexte

historico-culturel :

 Les oppositions concernant les modes indicatif et subjonctif, les oppositions internes,

tant modales que temporelles du subjonctif, liées au décalage entre code oral et code écrit.

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 Une étude contrastive qui compare les usages du subjonctif en langue espagnole et française et, finalement, une exploitation illustrative des valeurs du subjonctif dans le domaine littéraire.

La dernière partie du travail correspond aux conclusions qui rassemblent les résultats de cette étude.

Ayant comme appui bibliographique principal la Grammaire méthodique du français de Riegel, Temps et verbe de Guillaume et Problèmes de linguistique générale I

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I. LE STATUT DU SUBJONCTIF

a. Contexte historico-culturel du subjonctif.

Le subjonctif est un mode personnel de la conjugaison française qui a toujours été objet de débat et dont l’usage a évolué tout le long de l’histoire de France ; il joue un rôle essentiel dans la progression de la langue.

Alors que l’ancien français différenciait visiblement les paradigmes du subjonctif et de l’indicatif, le français préclassique commence à les simplifier, par un effet d’analogie. Le subjonctif évolue autant dans ses formes que dans son utilisation : dans la période préclassique, le subjonctif possède des emplois de toutes les natures (sémantique, syntaxique…) qui vont diminuer au cours des siècles. On pourrait dire qu’on se trouve face à « l’âge d’or du subjonctif »1 car, c’est précisément dans cette période qu’a eu lieu la signature de l’ordonnance de Villers-Cotterêts, en 1539, qui établit le français comme langue nationale. Ce règlement implique que les actes légaux et notariés du royaume soient désormais rédigés en français, prenant la relève du latin. Par conséquent, les valeurs des quatre tiroirs du subjonctif (présent, passé, imparfait et plus-que-parfait) sont très exploitées à cette époque.

Quant à la syntaxe du XVIe siècle, le locuteur utilise le subjonctif d’une façon

quasiment libre car il ne suit que la règle écrite par Robert Martin, beaucoup plus tard dans le temps : utiliser l’indicatif lorsque l’énoncé appartient au « monde du probable» et le subjonctif lorsqu’il se rapporte au « monde des possibles ». Comme il l’explique dans Pour une logique du sens, le « subjonctif est le mode qui marque l’appartenance non pas

au monde m0 de ce qui est, mais aux mondes possibles m, étant entendu […] que

l’inscription dans m se fait par le biais de que et de sa fonction suspensive. »2

Du point de vue formel, un élément qui est caractéristique du subjonctif est son association directe avec la conjonction que, introduite par l’ancien français pour marquer ce mode, qui ne fait pas partie de la flexion du mode mais qui a la fonction de « suspendre la valeur de vérité de la proposition qu’il introduit et de la faire dépendre de l’élément verbal ou conjonctionnel qui le précède. » 3

1 CONFORTI, M., Le subjonctif en français préclassique. Étude morphosyntaxique 1539-1637, Édition 5,

2014, p. 7.

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Cependant, on rencontre « au 17e siècle des subjonctifs exprimant l’ordre ou le souhait sans que »4 et, au XVIIIe siècle, il existait encore quelques tournures où la conjonction n’était pas obligatoire comme Plût au ciel ou Plût aux dieux + subjonctif : « Plût aux dieux que ce fût le dernier de ses crimes ! »5 exprimant le regret. Les phrases

indépendantes au subjonctif pourraient être envisagées comme un reste d’un emploi ancien ; emploi qui remonte au moment où le subjonctif possédait encore le sens de l’optatif, appelé aussi mode désidératif, qu’il avait hérité du latin, et qui permettait d’exprimer les espoirs, les désirs… : Moi, que j’aille là-bas ! Jamais.6 Encore

aujourd’hui, il subsiste des expressions figées qui utilisent le subjonctif sans que : Dieu vous bénisse !, expression appartenant au discours religieux, Vive la France !,

initialement proposition indépendante au subjonctif, où vive n’est plus considéré comme un verbe mais comme une interjection, « comme le prouve l’absence d’accord avec le « sujet » inversé : Vive les vacances ! »7

Le subjonctif actuel est, par conséquent, le résultat d’une évolution, formelle et sémantique. Il peut être considéré comme un élément grammatical qui s’inscrit dans le système d’oppositions qui caractérise le français actuel. Certains auteurs, comme par exemple Du Bellay, ont tendance à utiliser le mode indicatif pour la prose et le mode subjonctif, où prédomine la valeur stylistique, pour la poésie. Cet extrait illustratif montre la valeur d’irréel du passé du plus-que-parfait du subjonctif utilisée par Du Bellay dans la Lettre II : « et m’eust fallu user d’une infinite de periphrases, dont je me feusse beaucoup eslongné […] »8. Il est donc important de remarquer l’opposition entre l’utilisation des modes, faite déjà au XVIe siècle, qui ne fait que se renforcer de plus en plus au fil des

siècles.

La prédominance de l’indicatif et la valeur temporelle du présent du subjonctif ont entraîné une perte de la valeur de l’imparfait et du plus-que-parfait. Ce déclin, qui caractérise l’évolution du subjonctif, a débuté au XVIIe siècle à cause de facteurs

morphologiques et fonctionnels qui seront expliqués plus précisément dans une section de ce travail. Aujourd’hui, l’extinction de ces temps est notoire : « Qui utilise aujourd’hui l’imparfait du subjonctif sans paraître précieux, voire pédant et ridicule ? »9

4 RIEGEL, M.,et al., Grammaire méthodique du français, Paris, PUF, 1998, p. 564.

5 RACINE, J., Britannicus, Paris, Éditions Gallimard, Édition de Georges Forestier, 1995, p. 155. 6 GAILLARD, B., Pratique du français de A à Z, Paris, Hatier, 1995, p. 301.

7 RIEGEL, M., op.cit., p. 565.

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b. Opposition modale du subjonctif par rapport à l’indicatif : représentation guillaumienne.

Le subjonctif est un mode personnel désigné comme le mode du virtuel, de l’irréel, du possible, qui correspond au temps in fieri de la théorie de Guillaume10, étant un mode

en devenir qui présente le temps dans son éventualité. Riegel affirme que le subjonctif présente le procès « dans sa virtualité »11 et ajoute que, selon la tradition, le subjonctif peut exprimer différentes modalités comme la volonté, le souhait, la crainte, le doute.

Du point de vue formel, le subjonctif est limité en formes temporelles car il possède quatre « tiroirs »12 verbaux, terminologie acquise de Damourette et Pichon dans Des mots à la pensée : d’une part, le présent et le passé du subjonctif, de l’autre,

l’imparfait et le plus-que-parfait du subjonctif. Concernant l’aspect, chaque ensemble comporte une forme simple et une forme composée.13

Le subjonctif a une double problématique : d’une part, son emploi modal par rapport à sa corrélation avec l’indicatif et d’autre part, les différents emplois de ses temps, qui impliquent les catégories rattachées au verbe : la modalité, la temporalité, l’aspect et, finalement, la personne.

Pour bien comprendre la différence entre les modes et la transition d’un mode à l’autre, il est important d’introduire la thèse de G. Guillaume qui essaye de trouver la définition du mode à partir de la formation de l’image-temps. Il fait un classement des modes en fonction de leurs marques personnelles et temporelles à trois stades d’actualisation du procès, ce dernier pouvant être virtuel ou réel.

La formation de l’image-temps se rapporte à un axe nommé chronogénétique, lieu de tout ce qui a trait à la figuration mentale du temps, où se développe la « chronogénèse », opération psychologique de la formation de l’image-temps qui se produit progressivement dans notre esprit. Cet axe est coupé par plusieurs points, marquant chacun un instant caractéristique de la formation de l’image-temps, représentés par les axes chronothétiques, étapes du développement de l’opération de la pensée nommée chronothèse. La réalisation se produit au long des 3 axes chronothétiques ou chronothèses. Les profils caractéristiques de ce phénomène sont marqués par le point

10 GUILLAUME, G., Temps et verbe, Théorie des aspects, des modes et des temps, Paris,1970. 11 RIEGEL,M. et al., op.cit.., p. 511.

12 DAMOURETTE, J. et PICHON, E., Essai de grammaire de la langue française : des mots à la pensée. T.1,

Paris, J.L.L. d'Artrey, 1911 – 1927,p. 241.

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« initial », où la chronogénèse n’a pas encore opéré et l’image de la pensée est en puissance ; le point « médian », celui qui va être étudié en profondeur, et le point « final » où la chronogénèse a fini d’opérer et où l’image-temps est complètement achevée.

Le point initial est le temps in posse qui donne lieu aux modes nominaux : infinitif et participe et à leurs aspects simples et composés, tandis que le point final est le temps in esse, qui donne lieu à l’indicatif. La transition entre les deux points précédents

correspond au mode subjonctif, nommé temps in fieri par Guillaume, qui est le point médian où la chronogénèse a plus ou moins opéré et où l’image-temps se présente en cours de formation dans l’esprit.

C’est dans le chapitre III de son livre Temps et verbe14 que Guillaume analyse la

réalisation de l’image verbale dans le temps in fieri, qui correspond à la deuxième chronothèse, et donne lieu au subjonctif, une forme modale ad hoc15 qui fournit quatre constructions. C’est un temps peu réalisé qui marque une époque indivise, contrairement au temps in esse, un temps très réalisé et divisible en trois époques (présente, passée et future), qui correspond à l’indicatif : Guillaume défend ainsi la pauvreté du mode subjonctif, notamment de sa morphologie.

Lorsqu’on emploie le subjonctif, le temps chronogénétique n’a parcouru qu’une partie et la visée de l’image-temps est donc incomplète. Guillaume explique ce fait avec des verbes d’opinion et d’appréciation. Selon lui, les verbes d’opinion sont un milieu non interceptif et donnent une visée complète : Je crois qu’il est arrivé ! , tandis que les verbes d’appréciation correspondent à un milieu interceptif qui empêche la visée d’atteindre le temps in esse et qui l’oblige à rester dans l’image verbale du temps in fieri : Je regrette qu’il ne soit pas arrivé à l’heure. En résumé, on pourrait conclure, comme le fait Wagner16, que la valeur propre du subjonctif naît de son opposition avec le mode indicatif.

Comme on l’a déjà expliqué, le subjonctif ne compte que quatre formes pour deux époques alors que l’indicatif en possède dix, quatre exprimant le passé, quatre le futur et deux le présent. Ce nombre restreint de formes confère au subjonctif une faiblesse par rapport à l’indicatif, ce qui donne à penser qu’il s’appuie sur une autre représentation générale du temps que le mode indicatif. La représentation indicative serait plus achevée et réalisée que la subjonctive : d’une part, Je sais qu’il est venu est une proposition à

14Ibid., p. 29-50. 15Ibid., p. 11.

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l’indicatif achevée et réelle ; de l’autre, Je doute qu’il soit venu est une proposition incertaine au subjonctif.

Le subjonctif exprime « un fait simplement envisagé dans la pensée avec un certain élan de l’âme »17 tandis que l’indicatif est « le mode de l’action considérée dans

sa réalité ».18 Dans le passage du subjonctif à l’indicatif, on trouve la notion d’actualité,

liée à la notion de réalité, point où le virtuel passe au réel, et plus concrètement, point où le subjonctif passe à l’indicatif. Guillaume démontre une corrélation entre le subjonctif, associé à l’idée de possible, et l’indicatif, qui représente une idée de probable. La notion de possible annule la capacité d’actualité alors que celle de probable confère cette faculté : la probabilité se présente donc comme une identité du certain. Pour l’illustrer, on peut se servir de ces exemples : Il est possible qu’il soit ému face à Il est probable qu’il sera ému.

Néanmoins, lorsqu’on trouve une probabilité négative, le mode subjonctif s’impose : Il n’est pas probable qu’il soit ému. Guillaume conclut que « l’alternance indicatif/subjonctif joue librement après les expressions de probabilité négative ».19 Gaillard20, pour sa part, explique ce fait : il affirme que les modalités négative et interrogative peuvent transformer un doute en certitude et vice-versa. Par exemple, si nous prenons la phrase : Nous sommes sûrs qu’il réussira, nous remarquons l’emploi de l’indicatif à la forme affirmative, alors qu’elle change de mode à la forme interrogative ou négative : Êtes-vous sûrs qu’il réussisse ? Nous ne sommes pas sûrs qu’il réussisse. Le fait contraire est aussi possible car Je doute qu’il vienne devient Je ne doute pas qu’il viendra quand la principale comporte une négation puisqu’il n’y a plus de doute.

Le changement de mode peut également se produire dans d’autres contextes. Si l’idée de probable est affaiblie par un adverbe, la subordonnée serait plutôt au mode subjonctif : Il est peu probable qu’il soit venu. Donc, on peut constater que le subjonctif domine, « peu importe la présence de l’idée de possible ou de probable »21 dans les

situations négatives, interrogatives et hypothétiques, qui sont des situations modalisantes.

Cependant, les contre-exemples abondent car, définir le subjonctif comme le mode de la « non-réalité »22, n’est pas toujours juste. Ainsi, dans la phrase Je suis

17 GREVISSE, M., Précis de grammaire française, p. 191. 18Ibid., p. 182.

19 GUILLAUME, G., op.cit., p. 45. 20 GAILLARD, B., op.cit., p. 200.

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contente qu’elle soit guérie, le subjonctif présente un fait réel et achevé de la guérison ;

et dans les propositions subordonnées au futur de l’indicatif, les faits ne correspondent pas à la réalité : Je crois qu’elle viendra. C’est en fait l’angle d’une certaine subjectivité

et/ou appréciation qui justifie la présence du subjonctif.

c. Opposition stylistique entre les temps du subjonctif

La deuxième problématique du subjonctif est interne et se réfère à l’emploi de ses différents tiroirs, impliquant modalité, temporalité et aspect. Précisément, l’infériorité du mode subjonctif, marquée par l’hypothèse de Guillaume, est expliquée par ses temps car ils fonctionnent à partir de contraintes mais, à la fois, librement. Librement dans le sens que le présent du subjonctif fonctionne en français actuel comme un temps passe-partout dû à sa supratemporalité, ce qui enlève aux autres temps du subjonctif leur valeur caractéristique. Il existe une « surenchère du présent »23, car son utilisation, étant rattachée à la situation d’énonciation, n’exclut pas la valeur de passé.

Le subjonctif apparaît « plus pauvre en temps que l’indicatif »24, mais, bien que quelques formes soient plus valorisées que d’autres, les quatre formes du subjonctif se maintiennent à l’intérieur du système verbo-temporel français. Toutefois, une caractéristique du subjonctif actuel est sa possibilité de « fonctionner amputé de 50% de ses formes »25, car il n’utilise, dans la langue orale, que le présent et le passé. Le déséquilibre de ses temps et la disproportion entre l’emploi du présent et du passé d’une part et celui de l’imparfait et du plus-que-parfait d’autre part, sont dus à une contrainte d’emploi des temps qui peut se résumer dans l’opposition entre récit et discours, ou encore « Histoire » et « discours », instituée par Benveniste26 en linguistique française.

Il convient donc de souligner que l’opposition à l’intérieur du subjonctif est liée à l’opposition entre code écrit et code oral qui se développe en français dans toutes les catégories de la langue, notamment dans le choix des temps. Ces deux codes correspondent à deux types de production, sans utiliser forcément des registres de langue différents. L’imparfait et le plus-que-parfait du subjonctif ne sont utilisés qu’avec une

23 IMBS, P., L’emploi des temps verbaux en français moderne, Paris, Klincksieck, 1968.p. 173. 24 RIEGEL, M., op.cit., p. 561.

25 SOUTET, O., Le subjonctif en français, Paris, Ophrys, 2000, p. 161.

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base de préparation écrite tandis que le présent et le passé du subjonctif s’utilisent dans toute production, orale ou écrite.

Ce code écrit se rapporte au récit historique qui « n’en retiendra que les formes de 3e personne »27 alors que le code oral se rapporte au discours qui est « toute énonciation supposant un locuteur et un auditeur, et chez le premier l’intention d’influencer l’autre en quelque manière »28. L’histoire, ou récit, est réservée à la langue écrite, cependant le

discours est tant écrit que parlé.

Pour que l’analyse des temps soit plus fluide, on va utiliser les dénominations créées par les disciples de Guillaume : le Subjonctif 1 qui réunit l’ensemble du présent et du passé et le Subjonctif 2 qui regroupe le couple imparfait/plus-que-parfait du subjonctif. Pour l’emploi de l’un ou l’autre, la différence entre code écrit et code oral est décisive car, aujourd’hui, la langue française « ne connaît l’opposition entre le subjonctif de commentaire et subjonctif de récit que dans le code écrit »29. Cette théorie résulte de celle de Benveniste qui séparait les temps en deux systèmes complémentaires et distincts : l’Histoire, qui se rapporte au « récit des événements passés »30 et le discours qui

correspond à « toute énonciation supposant un locuteur et un auditeur ».31 Après lui, Weinrich utilise pour le discours la terminologie de subjonctif de commentaire et celle de subjonctif narratif pour le récit.32

Quant à la fonction des temps, F. Brunot explique que le présent « a pris sa place dans la langue courante » : un présent supratemporel qui s’est « introduit un peu partout »33, voilà pourquoi les autres temps sont mis de côté. Les deux formes du Subjonctif 2 ne sont employées que dans un registre hypersoigné, dans une langue

littéraire, tandis que les deux formes du Subjonctif 1 sont, de nos jours, les plus fréquemment employées. Il est important de remarquer que les formes du Subjonctif 2 sont, elles-mêmes, deux formes défectives car leur emploi est presque limité à la troisième personne du singulier et leur usage n’est pas fait par contrainte mais par choix stylistique.

27Ibid., p. 244. 28Ibid., p. 242.

29 CONFAIS, J.P., Temps, mode, aspect, p. 172. 30 BENVENISTE, E, op.cit., p. 239.

31Ibid., p. 242.

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Une autre opposition est faite par Paul Imbs, à partir d’une distinction entre deux systèmes34 temporels : le O-M (Or-Maintenant) qui ne distingue que le présent et le passé du subjonctif, et le système L-A (Lors-Alors), où domine le récit, qui implique en concordance l’imparfait et le plus-que-parfait du subjonctif. Le système O-M est relié à l’acte d’énonciation, c’est pourquoi l’utilisation du Subjonctif 2 est directement laissée de côté. Cette dernière démonstration tient compte de la division interne du temps et des déictiques correspondants, et s’adapte au style de chaque registre, standard ou soutenu.

d. Opposition entre les valeurs des tiroirs du subjonctif

Ces oppositions sont marquées par l’emploi même du subjonctif qui, selon Riegel, se fait lorsque « l’interprétation l’emporte sur la prise en compte de l’actualisation du procès, lorsque s’interpose entre le procès et sa verbalisation l’écran d’un acte psychique ».35 En effet, il s’agit d’un mode psychique dont le procès est envisagé à la fois comme possible et impossible. Rappelons que Martin résout ce problème grâce à la notion de monde possible36.

En français standard, le Subjonctif 1 (Présent-Passé) donne une notion modale de virtualité. Ses deux temps s’opposent sur le plan de l’aspect car le présent exprime un procès en cours de réalisation, non accompli, tandis que le passé (forme composée) indique un procès achevé, accompli. Bien que le subjonctif ne possède pas de tiroirs verbaux futurs, il peut exprimer ce moment du temps avec le présent : Couchez-la jusqu'à ce que le médecin vienne. Certes, le présent du subjonctif est considéré hors-temps car il

ne possède pas de précision temporelle ; cependant, au niveau énonciatif, il est aussi envisagé comme un temps supratemporel, ouvert sur le futur et le passé.

Nous devons préciser qu’il existe des valeurs sémantiques partagées entre le futur de l’indicatif et le présent du subjonctif car le futur correspond à « une époque faite de temps qui n’a pas encore existé réellement et que, par suite, on imagine, on suppose, (…). »37. Et, comme l’explique Grevisse, « l’avenir est le domaine de l’incertain, de ce

qui reste simplement probable »38, l’incertain, qui se rapporte au subjonctif, est lié au

34 IMBS, P, op.cit., pp. 181-182. 35 RIEGEL,M.,op.cit., p. 321. 36 MARTIN, R., op.cit., p.111. 37 GUILLAUME, G., op.cit., p. 54.

38 GREVISSE, M., Le Bon Usage, Paris, douzième édition refondue par André Goose, Duculot, 1988, p.

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temps lui-même, le probable est lié au jugement du locuteur. À partir de ces deux phrases : Tu le feras et Je doute que tu le fasses, on peut dégager un lien sémantique, car la

deuxième phrase remplace le futur de l’indicatif à travers l’expansion syntaxique. L’apparition du subjonctif est provoquée par l’idée de doute car il existe une corrélation sémantique entre l’antécédent et le mode. D’ailleurs, l’idée de doute est marquée par le verbe modal « douter » et par le subjonctif, suivant le pléonasme grammatical obligatoire de Charles Bally, qui « exige qu’une même notion soit exprimée deux ou plusieurs fois dans le même syntagme »39.

Après l’utilisation d’un tiroir verbal au conditionnel dans la proposition principale, « la règle est d’employer l’imparfait du subjonctif »40 mais, dans l’usage commun, ce temps est remplacé par le présent. De cette façon, au lieu de dire : Je voudrais qu’il fût médecin, on dit en français actuel Je voudrais qu’il soit médecin.

Employé dans un registre soutenu, le Subjonctif 2 (Imparfait- Plus-que-parfait) confère au verbe une valeur modale d’irréalité. Ainsi, l’imparfait du subjonctif possède une valeur temporelle indéterminée appelée aoristique aussi bien qu’une valeur aspectuelle non accomplie. De son côté, le plus-que-parfait du subjonctif bénéficie d’une valeur aspectuelle accomplie exprimée par les formes composées, d’où se dégage une valeur temporelle d’antériorité par rapport à l’imparfait, tout comme le passé du subjonctif par rapport au présent. Ces deux temps ont été supplantés, progressivement, en français parlé par le présent et le passé du subjonctif, « qui se sont chargés de leurs valeurs temporelles »41 et aussi par le conditionnel, « qui exprime leurs valeurs modales »42 La

forme du plus-que-parfait du subjonctif est reprise par le conditionnel passé 2e forme, appellation récente de cet emploi modal particulier. Par exemple, il figure dans le système hypothétique à un niveau hypersoigné pour marquer l’irréel du passé : S’il fût venu, elle

eût été heureuse.43

Ces deux tiroirs verbaux « ont pratiquement perdu leur valeur sémantique particulière »44, la valeur d’éventualité qu’exprimaient encore ces deux temps au XVIe siècle, à l’époque classique. Maintenant, ils n’indiquent plus ce sens. Le plus-que-parfait dans quelques cas peut encore jouer ce rôle : « Cette femme lui avait paru belle... Il n’eût

39 BALLY, C., Linguistique générale et linguistique française, Bern, Éditions Francke Berne, 1965, p. 153. 40 BRUNOT, F., La pensée et la langue, Paris, Masson, 1926, p. 466.

41 RIEGEL, M., op.cit., p. 573. 42Idem.

43Ibid., p. 575.

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pas fait un pas pour savoir son nom » (Boysi, Iles Borr, 7), exemple tiré de La pensée et

la langue 45 de F. Brunot. Cependant, dans un registre soutenu ou hypersoigné, les quatre formes du subjonctif se maintiennent exprimant une profondeur stylistique.

e. Opposition par rapport à la catégorie de la personne.

Comme l’explique Benveniste, tandis que le discours emploie de plein gré toutes les formes personnelles du verbe, le plan historique de l’énonciation « exclut toute forme linguistique « autobiographique » »46. Par conséquent, le récit entraînera surtout des

formes à la troisième personne, nommée « non-personne »47 car elle « ne s’oppose à

aucune autre »48.

Concernant la morphologie, le paradigme de l’imparfait du subjonctif sur le plan phonique ajoute une désinence marquée au radical, sauf à la troisième personne du singulier49. C’est l’une des raisons qui fait que l’on n’utilise que la troisième personne

étant donné qu’il s’agit d’une forme économique moins mise en valeur que les autres, et ayant une caractéristique spécifique : l’accent circonflexe. La différence entre la troisième personne de ce temps et celle du passé simple est cette marque de ponctuation : fît- fit. Ce temps survit dans les récits et dans les discours solennels, affectés par le purisme.

Aujourd’hui, l’utilisation de l’imparfait du subjonctif dans le discours produit un effet de « cocasserie »50, quelques formes semblent grotesques ou même incompréhensibles : pour une raison d’euphonie, on évite la 1re et 2e personnes du pluriel,

surtout des verbes du premier groupe, à cause des terminaisons en -ss (que nous ressemblassions) et certains effets comiques fondés sur la paraphonie (que vous sussiez).

Ces formes témoignent de la difficulté de la morphologie de ce temps verbal. Néanmoins, on emploie plus facilement les 1res et 2es personnes des verbes

dits « irréguliers » et des verbes être et avoir car ce sont les verbes auxiliaires employés pour former le plus-que-parfait. Une exception est le verbe devoir, dont la forme à l’imparfait du subjonctif a été longtemps utilisée au lieu du conditionnel : il dût au lieu

45 BRUNOT, F., op.cit., p. 516. 46 BENVENISTE, E., op.cit., p. 239. 47Ibid., p. 242.

48Idem.

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de il devrait. Ceux qui dussent rougir d’entrer en triomphe en la ville. Maintenant, le conditionnel a remplacé le subjonctif.

Pour ce qui est du plus-que-parfait, il s’agit d’une forme composée, constituée de l’auxiliaire à l’imparfait du subjonctif et du participe passé. La morphologie de ce temps est plus facile à apprendre que les diverses formes de l’imparfait, ce qui aide à la compréhension, car les formes auxiliaires sont très utilisées.

Quant au présent et au passé du subjonctif, ils sont bien sûr utilisés à toutes les personnes, il n’y a pas de contraintes d’utilisation. Les deux personnes du présent du subjonctif, qui diffèrent des désinences du présent de l’indicatif (des verbes en -ER), sont la première et deuxième du pluriel, qui sont « les deux personnes les moins employées, la première remplacée par on, la seconde compromise par le tutoiement »51

Tout ceci contribue au « déclin » du subjonctif, qui est expliqué par plusieurs auteurs : par exemple, Confais52 croit que la nature de la défaillance compromet des facteurs morphologiques et des facteurs fonctionnels, en fait, liés à la catégorie de la personne. On peut dire que le mode subjonctif est un mode défectif, tant au niveau des temps que de la personne.

Dans ce chapitre nous avons analysé, premièrement, les principales catégories modales de la langue française selon la théorie guillaumienne, qui confère au subjonctif le statut de temps in fieri, présentant le procès dans sa virtualité ; contrairement à l’indicatif, qui présente un procès réel. Deuxièmement, l’écart d’utilisation entre les tiroirs du subjonctif selon des contraintes d’emploi, code écrit ou oral, et les valeurs de chaque temps. Finalement, cet écart définit le déclin du Subjonctif 2, dû à la difficulté morphologique et, par conséquent, au manque de personnes grammaticales. Tous ces éléments conditionnent fortement les emplois du subjonctif en français actuel.

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II. EMPLOI(S) DU SUBJONCTIF

a. Niveau syntaxique.

Le mode subjonctif, comme le révèle son propre nom dérivé du latin subiunctivus, constitue un genre de morphème qui marque la subordination dans les formes verbales, caractérisé par la dépendance. Confais affirme que les morphèmes subjonctifs sont vides de sens et que ce mode n’est qu’une pure « servitude grammaticale »53 : on donne plus

d’importance à la distribution du mode, utilisé en proposition subordonnée, qu’à sa signification. Riegel explique que le subjonctif ne possède pas de sens propre mais qu’il est « automatiquement imposé par un terme de la proposition principale »54.

On pourrait donc supposer que, d’un point de vue syntaxique, l’indicatif constituerait des phrases indépendantes (la non-subordination) tandis que le subjonctif se découvrirait, par opposition à l’indicatif, comme « un mode de la dépendance »55,

terminologie empruntée de Riegel, car il est employé généralement dans une proposition subordonnée complétive, relative ou circonstancielle et, rarement, en proposition indépendante.

Néanmoins, il peut apparaître comme phrase indépendante, exprimant un souhait, une supposition, une affirmation polémique, voire un ordre56 - en modalité injonctive où il remplace l’impératif - : « Que cette demoiselle prenne place parmi nous ! » 57, aussi

bien qu’il existe des phrases subordonnées à l’indicatif telles que Je crois qu’il ne viendra pas. Le subjonctif comble les lacunes de l’impératif, il le supplée « aux personnes que ce

dernier ne possède pas, essentiellement à la troisième personne du singulier et du pluriel »58 : Qu’ils rentrent tout de suite ! En outre, le verbe savoir à la forme négative et

à la première personne du subjonctif présent en phrase principale « introduit une affirmation polémique : Je ne sache pas qu’il ait présenté une thèse brillante »59.

D’après ces exemples, on peut démontrer que le choix d’un mode ou l’autre ne réside pas seulement dans l’opposition de la catégorie phrastique, subordonnée ou

53 CONFAIS, J.P., op.cit., p. 322. 54 RIEGEL,M., op.cit., p. 562. 55Ibid., p. 562.

56Ibid., pp. 564-565.

57 ORSENNA, E., Les chevaliers du subjonctif, Livre de Poche, Éditions Stock, 2004, p. 124. 58 RIEGEL, M., op.cit., p. 564.

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indépendante ; il faut aller plus loin car le choix est lié à « l’existence de phénomènes de productivité lexicale »60 et aux rapports syntaxiques qui secondent un mode ou l’autre.

C’est pourquoi, pour « aller plus loin », il faut étudier les conditionnements du mode subjonctif, c’est-à-dire, les cas qui régissent ce mode. Avant de commencer, nous rappellerons la valeur fondamentale du subjonctif, exprimée par Grevisse61: « le

subjonctif indique que le locuteur ne s'engage pas sur la réalité du fait ». Weinrich, par contre, se réfère au subjonctif comme un mode qui fait « appel à l’intérêt et à l’engagement de l’auditeur ».62

Confais reprend le terme « servitude grammaticale » de François Brunot63 qui

affirme que son élection est faite automatiquement suivant l’antécédent. D’une manière générale, il n’a pas tort car il existe une corrélation entre l’antécédent et le mode : le subjonctif apparaît dans la subordination après des conjonctions qui sont virtualisantes, contrairement à l’indicatif qui suit des conjonctions actualisantes. Cependant, Riegel64

explique que la préférence entre un mode ou l’autre provient, quelquefois, de la manière dont le locuteur envisage le procès dans la subordonnée.

Ce statut fait que l’emploi du subjonctif puisse être contraignant, optionnel et qu’il puisse également avoir une répercussion polyphonique.

60 GROSS, G., « Correspondance entre forme et sens à propos du subjonctif ». Langue française, 29, p. 64. 61 GREVISSE, M., op.cit.,1988, p. 1265.

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b. Emploi contraignant

Le subjonctif en proposition subordonnée est employé selon des contraintes d’emploi. Le fait que le subjonctif soit quelquefois nécessaire et d’autres facultatif est une raison d’hésitation et d’incertitude pour les locuteurs qui souhaitent l’utiliser. Il est important donc de préciser d’abord les cas où l’emploi du subjonctif est obligatoire, selon des contraintes morphosyntaxiques et lexicales.

En effet, l’alternance n’est pas le cas des propositions circonstancielles où le

sémantisme de la subordonnée impose soit l’indicatif, soit le subjonctif. Les propositions circonstancielles qui déclenchent le subjonctif sont celles où l’on décolle de la probabilité, où il existe un retour en arrière qui donne une image d’incertitude et d’indétermination. C’est le cas de trois types de propositions circonstancielles, où prend place l’appréciation introduite dans l’imaginaire de Martinet65, fondé sur le principe de synchronie dynamique.

Premièrement, les subordonnées finales qui manifestent une intention et où l’attente fait interception : Je t’invite pour que tu viennes. Deuxièmement, les concessives, « qui expriment un procès envisagé comme une cause possible, mais

inopérante »66 où l’appréciation fait interception grâce à l’opposition qu’elle présente : Bien qu’il fasse beau, mon frère reste à la maison. Finalement, les temporelles qui

donnent une idée de postériorité : Je vais préparer le dîner avant que mon mari revienne.

Wagner explique que l’on utilise le subjonctif quand le procès, noyau de la subordonnée, n’est pas actualisé. Dans ce cas, « on se borne à l’envisager comme possible, douteux… », « on le présente comme l’objet d’un sentiment »67 ou le terme

principal peut dégager une « nuance particulière »68 au premier plan, pour le rassembler

à la proposition dépendante : Pour peu qu’il fasse, il nous aidera.

Par ailleurs, on nomme conditionnement lexical le fait que le signifié de certains éléments appréciatifs et différentes parties du discours déclenchent la présence du subjonctif dans les complétives introduites par que : des verbes exprimant le souhait, la volonté ou le doute : Je veux qu’il vienne chez moi, des adjectifs tels que « content », « heureux » : Je serai contente qu’il vienne chez moi, des substantifs qui marquent

65 MARTINET, A., « Diachronie et synchronie dynamique », Évolutions des langues et reconstruction, Paris,

PUF, 1975, pp. 5-10.

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l’engagement du locuteur : Le bonheur qu’il vienne chez moi, voire des constructions impersonnelles : Il vaut mieux qu’il vienne chez moi, qui impliquent l’appréciation.

c. Emploi en alternance : Indicatif/Subjonctif.

Dans ce point nous allons préciser et illustrer avec des exemples les cas où l’indicatif et le subjonctif peuvent s’utiliser indépendamment. L’opposition

indicatif-subjonctif, suivant la théorie de Guillaume, comprend plusieurs éléments syntaxiques :

- La modalité interrogative et l’inversion du sujet - Les propositions subordonnées relatives

Pour comprendre ceci, on reprend la théorie de Guillaume qui explique que la probabilité s’exprime avec l’indicatif et la possibilité avec le subjonctif. Cependant, dépassant l’opposition de base entre l’indicatif et le subjonctif, un certain nombre de verbes qui sont normalement construits avec l’indicatif acceptent le subjonctif lorsque le verbe introducteur est à la forme interrogative.

- Crois-tu qu’il fera beau demain ? ou bien, Crois-tu qu’il fasse beau demain ?

Il existe des nuances entre les deux phrases. Dans la première, à l’indicatif, on demande en réalité la confirmation de ce que l’on pense intuitivement ou ce que l’on espère. Alors que dans la deuxième, au subjonctif, la situation d’énonciation nous indique une tendance vers le doute plus marquée, un éloignement de la réalisation. Cette distinction sera abordée en détail dans l’étude polyphonique.

Généralement, l’inversion du sujet est un élément stylistique qui nous incite à avoir cette alternance indicatif-subjonctif dans l’interrogation, mais, des écrivains comme Voltaire, l’utilisaient déjà au niveau standard sans inversion : « Est-ce que vous croyez qu'on puisse faire l'amour sans (…) proférer quelque parole ? »69

Dans le cas des subordonnées relatives, nous pouvons utiliser les deux modes, prenant en considération que, si l’on emploie le subjonctif, on manifeste une restriction. Ces deux exemples seront analysés dans le point suivant, concernant l’aspect polyphonique du subjonctif :

69 VOLTAIRE, Œuvres complètes de Voltaire, Tome huitième, Paris, Chez Firmin-Didot frères, fils et C.

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- Je cherche un élève qui sait parler l’allemand et Je cherche un élève qui sache parler l’allemand.

Dans ce type de construction, le subjonctif peut également introduire une nuance finale : Nous avons besoin d’une voiture dans laquelle nous puissions voyager confortablement. Et, dans le cas des relatives utilisées après un superlatif, les deux modes

sont possibles mais on a une préférence pour le subjonctif : C’est la seule chose que je puisse faire pour toi.

d. Emploi polyphonique

Nous venons de voir la valeur sémantique du subjonctif, qui « contient des instructions pour l’interprétation sémantique des énoncés dans lesquels il intervient, dans la mesure où il est constitué par certaines marques qui supposent des contraintes pour son emploi »70. Cela signifie que les éléments déclencheurs sont des contraintes qui

déterminent l’entourage énonciatif du subjonctif, se présentant comme une trace syntaxique de l’énonciation. Et si l’on tient compte en énonciation de sa valeur sémantique en opposition avec celle de l’indicatif, on peut impliquer le terme de « polyphonie », qui est expliqué par plusieurs auteurs comme le fait qu’un énoncé soit exprimé par plusieurs voix sans qu’aucune soit dominante. Maingueneau reprend la distinction de sujet parlant, locuteur et énonciateur. Le sujet parlant est « un être empirique qui énonce physiquement l’énoncé »71, le locuteur est un être du discours

auquel on attribue « la responsabilité de l’énoncé »72 et l’énonciateur « est un personnage qui est mis en scène dans l’énonciation ironique »73.

Par conséquent, il est intéressant d’analyser le comportement polyphonique du subjonctif qui a, au moins, un sujet parlant et un locuteur. Un exemple est qu’il « fait intervenir la négation comme facteur constitutif de la dynamique propre à cette forme modale »74. Henning Nolke considère que « le subjonctif serait un marqueur syntaxique

de polyphonie interne »75, en opposition avec l’indicatif qui marquerait la polyphonie

externe grâce à son objectivité. La polyphonie se base surtout sur le fait que cette pensée

70 DONAIRE, M.L., « Subjonctif, négation et polyphonie », Hermès, 15, 1995, p. 155.

71 MAINGUENEAU, D., Les termes clés de l’analyse du discours, Paris, Mémo Seuil, 1996, p. 64. 72Idem.

73Idem.

74 DONAIRE, M.L., op.cit.., p. 156.

75 NOLKE, H., « Le subjonctif. Fragments d’une théorie énonciative », Langages, 80, Déc. 85, Larousse,

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abandonne la théorie « de l’unicité du sujet parlant »76 et sur le choix du mode, d’un point de vue sémantique, qui pourrait être dû à la structuration du message en thème/rhème. Ceci expliquerait, par exemple, la prééminence du subjonctif dans les propositions complétives antéposées, car elles ont la fonction de thème.

Pour commencer, voyons donc, du point de vue de la distribution phrastique, quelques exemples d’antéposition, qui favorisent l’emploi du subjonctif. Le modalisateur Il est certain que exige l’indicatif sauf si la subordonnée est antéposée, où il entraîne le

subjonctif : Il est certain qu’il a travaillé avec son père et Qu’il ait travaillé avec son père est certain. La postposition de la subordonnée annonce le point de vue choisi par le locuteur alors que l’antéposition au subjonctif permet d’avoir deux points de vue différents. Les exemples avec une complétive antéposée à l’indicatif sont rares, et dans ces cas la complétive véhicule un renseignement nouveau, fonctionnant comme rhème : Que Pierre est aimable, Marie le pense.

Donc, lorsque les propositions subordonnées complétives sont en début de phrase et ont la fonction de sujet : Qu’il fasse beau en été n’étonne personne, le mode subjonctif prédomine par rapport à l’indicatif.

Cette dichotomie thème-rhème aiderait à comprendre la valeur polyphonique du subjonctif. Le thème est le fragment du message dont on parle qui est souvent présenté avant d’avancer le rhème, qui est le nouveau propos. Pour qu’il y ait polyphonie interne, dans cette hypothèse, on utiliserait le subjonctif, qui serait dans la phrase suivante Je comprends qu’il soit parti si vite le thème de la proposition. Mais si le verbe était à l’indicatif dans une situation énonciative, le groupe verbal constituerait le rhème, donc, il exclurait la polyphonie interne Il n’est pas là : je comprends qu’il est parti. Lorsque « je comprends », phrase principale, forme le rhème, la proposition subordonnée est le thème et le subjonctif s’impose.

Ensuite, il faudrait voir les exemples où le mode est déclenché par un type d’acte illocutoire. La modalité interrogative peut entraîner le subjonctif. Dans ces deux phrases : Croyez-vous qu’elle peut être malade ? et Croyez-vous qu’elle puisse être malade ?, la présupposition joue un rôle important, car dans le premier exemple l’énoncé fonctionne comme « une assertion attachée au complément du verbe savoir »77 tandis que dans le deuxième le signifié porte sur le contenu de la complétive et crée une vraie question. En

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outre, il y a une différence d’interprétation selon l’utilisation d’un mode ou l’autre : Croyez-vous qu’il faut/faille travailler demain ? Avec le subjonctif, l’interrogation sera

faite sur les croyances de l’allocutaire. Dans ce cas, il faudrait ajouter un facteur qui semble important : l’inversion du sujet, qui fait que l’on puisse avoir deux interprétations différentes tenant compte de la réponse prétendue de l’allocutaire.

Dans les subordonnées relatives, le subjonctif est utilisé avec une restriction qui affecte l’antécédent78 et il « pourrait servir à transmettre les intentions significatives du

locuteur »79. Il est intéressant d’analyser une même phrase qui accepte les deux modes,

indicatif et subjonctif : Je cherche un élève qui sait parler l’allemand et Je cherche un élève qui sache parler l’allemand. Selon Katarzyna, l’emploi des modes est lié à

« l’attitude du locuteur à l’égard du contenu de son propos »80, toujours confrontée. Elle explique que l’attitude distanciative, « soumise à un jugement appréciatif ou affectif »81

et qui « conçoit la situation comme supposée »82 est indiquée par le subjonctif, tandis que

l’attitude déclarative, « conçue comme éventuelle »83, représente une situation réelle et

est indiquée par l’indicatif. Par conséquent, le subjonctif est un mode possible, qui ne garantit pas la valeur de certitude du contenu propositionnel, dans ce cas, on n’est pas sûrs de l’existence d’un élève ayant des connaissances de l’allemand. En outre, la phrase contient un présupposé : le point de vue négatif car on sait que certains élèves ne savent pas l’allemand. Cependant, avec la phrase à l’indicatif, on sait qu’un des élèves sait parler allemand. Cet aspect peut se joindre à l’idée que le choix du mode peut dépendre de la « structuration du message en thème et en rhème ».84

D’autre part, comme l’explique Riegel, le subjonctif peut être utilisé lorsque la subordonnée suit les adjectifs seul, premier, dernier : C’est la première explication qui soit acceptable ; et après l’unique et le meilleur85. De plus, lorsque « la phrase matrice

implique une idée de volonté ou d’hypothèse »86 qui place le groupe nominal hors du

champ du constat Je cherche un pull qui ait des carreaux, le subjonctif prédomine par rapport à l’indicatif.

78 RIEGEL, M. et al, op.cit., p. 570. 79 DONAIRE, M.L., op.cit., p. 156. 80 KWAPISZ-OSADNIK, K., op.cit., p. 268. 81Idem.

82Ibid., p. 284. 83Idem.

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Voyons ensuite des cas où les verbes sont, sémantiquement, polyphoniques. Par exemple, le mode change selon l’acception87 pour certains verbes polysémiques tels que

dire, comprendre, prétendre : dans la phrase Je lui ai dit qu’il ramasse ses affaires le

verbe dire exprime un ordre tandis que dans Tu lui as dit que tu étais malade le verbe dire exprime une information. Togeby constate que l’emploi du subjonctif est fait « lorsque le verbe dire est à la première personne »88, car c’est le sujet parlant qui exprime un ordre à un co-énonciateur ou destinataire, il y a un effet conatif, ce n’est plus le fait de donner une information. Dans la première phrase, il est important de remarquer la valeur de futur imprégnée à celle du subjonctif. Ces verbes sont l’exception car, généralement, la sémantique lexicale des verbes est essentielle : comme on le sait, les verbes qui expriment la volonté, déclenchent le subjonctif Je veux qu’il soit heureux tandis que la plupart des verbes, comme ceux qui expriment la croyance, déclenchent l’indicatif Je crois qu’il est heureux.

Dans les deux phrases concernant l’élève : Je cherche un élève qui sait parler l’allemand et Je cherche un élève qui sache parler l’allemand, le complément d’objet direct « un élève » signale la même direction : comme s’il devait convenir aux aspirations. L’élève serait, dans les deux propositions, le thème et le fait de savoir l’allemand le propos. Cependant, l’énonciateur diffère parce que les deux propositions appartiennent à un acte énonciatif différent. Et lorsque la subordonnée est à la forme négative, la polyphonie est renforcée : Je cherche un élève qui ne sait pas parler l’allemand et Je cherche un élève qui ne sache pas parler l’allemand. Dans ce cas, la forme négative au subjonctif contient un présupposé : un point de vue positif car on sait que certains élèves savent l’allemand.

Changer de modalité affirmative/négative dans la principale est aussi intéressant pour remarquer que l’indicatif est utilisé après la proposition affirmative tandis que la forme négative déclenche le subjonctif : Il croit qu’il est vieux et Il ne croit pas qu’il soit vieux. Dans ce cas, on constate que la polyphonie peut être parfois « boutée hors du jeu

par d'autres joueurs qui priment son influence (p. ex. par les modalités) »89. Dans ce cas,

il s’agit des modalités secondaires : affirmation/négation.

Conformément au conditionnement du subjonctif, il existe des modalisateurs qui exigent l’indicatif : Peut-être qu’elle viendra tandis que d’autres exigent le subjonctif : Il

87Ibid., p. 825.

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est possible qu’elle vienne. La structure polyphonique des deux énoncés change par

rapport à la distance : elle paraît plus marquée dans celle du subjonctif que dans celle de l’indicatif.

Les déclencheurs du mode ne sont pas seulement des éléments du discours, la distribution de la subordonnée dans la phrase prend une place importante, alors que la postposition ne semble pas avoir d’influence modale.

Une étude intéressante serait de comparer la subordination introduite par la conjonction que et par la conjonction si, regardant tout de même l’alternance modale : Je ne me souviens pas qu’il soit allé au Maroc et Je ne me souviens pas s’il est allé au Maroc. Après la conjonction que on trouve le subjonctif et après si, l’indicatif. Le fait que

la première phrase soit au subjonctif est conséquence de la principale à la forme négative, donc on pourrait déduire que la double alternance n’apparaît que lorsque la principale suit la modalité négative. Le point de vue change, les deux modes ont un point de vue polyphonique, le subjonctif interne et l’indicatif externe ; il faudrait donc analyser chaque mode selon son jeu polyphonique.

Comme l’explique Nolke, ce qui est intéressant dans l’hypothèse polyphonique c’est l’abandon de la conception de l’unicité du sujet parlant car la polyphonie interne a lieu lorsqu’il y a au moins « deux énonciateurs différents lors d’une même

énonciation »90.

Pour finir cette analyse polyphonique, ce serait intéressant d’étudier des exemples isolés pour voir si l’usage suit réellement la norme, comme dans le cas de Je regrette qu’il ne soit pas venu. Le contenu de la subordonnée est clair et est la cause pour laquelle on

peut avoir des regrets. Le verbe regretter signale des limitations. Le lien entre le déclencheur et le mode subjonctif est étroit, vu qu’on peut avoir deux points de vue

associés à la subordonnée.

Dans le cas où le subjonctif est déclenché par un comparatif, il s’établit un rapport graduel entre les deux points de vue : Le moins qu’on puisse faire est plus proche de ne pas pouvoir faire que de pouvoir faire.

On pourrait conclure que lorsqu’on a une subordonnée, elle peut introduire un point de vue coïncidant ou pas avec le point de vue représenté par la phrase principale : « si les actes véhiculés respectivement par la subordonnée et la principale ont différents

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auteurs et que rien ne s’y oppose par ailleurs, on aurait le subjonctif »91. Les facteurs qui

déclenchent ou modifient l’emploi des modes sont, premièrement, le membre introducteur de la proposition, deuxièmement, la distribution de la proposition (antéposée ou postposée), troisièmement, sa fonction syntaxique, c’est-à-dire, « le degré de cohésion qui relie (…) la principale et la subordonnée en un seul syntagme »92.

e. Emploi en concordance et non concordance

Par rapport au phénomène de la concordance des temps au subjonctif, il est mieux de reprendre le tableau de Paul Imbs93 qui distingue les deux systèmes distincts :

Or-Maintenant et Lors-Alors, et celui qui apparait dans le Précis de grammaire française de Grevisse94. Ces deux tableaux sont regroupés dans les annexes.

Paul Imbs95 distingue l’usage populaire et l’usage écrit soutenu. La concordance dans l’usage populaire, surtout oral, est simple car il n’y a que deux temps qui sont utilisés par les locuteurs : le présent, pour marquer simultanéité et postériorité, et le passé, pour marquer l’antériorité. En fait, le temps du tiroir verbal utilisé dans la proposition principale n’est pas important dans le code oral.

Le problème de concordance s’intensifie dans le style soutenu, car les quatre tiroirs verbaux du subjonctif peuvent être utilisés. A l’intérieur de la concordance des temps, on peut remarquer qu’à l’heure d’utiliser les tiroirs du subjonctif, Grevisse explique que, lorsque le verbe principal est au présent ou au futur, on met le verbe de la subordonnée au présent « pour marquer la simultanéité ou la postériorité »96 : Je veux

qu’il travaille et au passé « pour marquer l’antériorité »97 : Je ne crois pas qu’il soit arrivé à l’heure.

Dans un registre soutenu, lorsque le verbe principal est au passé, le verbe de la subordonnée est à l’imparfait « pour marquer la simultanéité ou la postériorité »98 :

91Ibid., p. 57.

92 N0JGAARD, M., « Compte rendu de Boysen », 1971, Revue Romane VII, 1982, p. 316. 93 IMBS, P., op.cit., p. 182.

94 GREVISSE, M., Précis de grammaire française, Paris, Éditions Duculot, 1969, p. 268. 95 IMBS, P., op.cit., p. 182.

96 GREVISSE, M., op.cit., 1969, p. 266. 97Idem.

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J’avais voulu qu’il travaillât ; au plus-que-parfait « pour marquer l’antériorité »99 : J’avais voulu qu’il eût travaillé.

Mais, déjà dans la langue classique, comme dans Britannicus de Racine, on trouve ces deux exemples qui illustrent l’antériorité du subjonctif, marquée par le présent et le passé du subjonctif, ayant comme tiroir verbal de la proposition principale un verbe au présent : « De nos crimes communs je veux qu'on soit instruit »100, et un verbe au

futur suivi d’un passé: « Car je ne croirai point que sans me consulter/La sévère Junie ait voulu le flatter/Ni qu'elle ait consenti d'aimer et d'être aimée »101.

Ou encore, chez Corneille, dans Cinna, on trouve ces exemples de concordance, marqués par le présent du subjonctif, ayant comme tiroir verbal de la proposition principale un verbe au présent : « Et tu veux que moi-même, /Je retienne ta main ! Qu'il vive, et que je l'aime !/ Que je sois le butin de qui l'ose épargner »102où l’on marque la simultanéité. Un exemple de postériorité est « Et je ne puis plus rien que par votre congé : C'est à vous à régler ce qu'il faut que je fasse »103, avec le verbe de la principale au présent et celui de la subordonnée au présent du subjonctif.

Cinna nous offre également des exemples d’antériorité marquée par le

plus-que-parfait du subjonctif par rapport à un temps principal passé : Polyclète est encor chez vous à vous attendre, / Et fût venu lui-même avec moi vous chercher, / Si ma dextérité n'eût su

l'en empêcher »104 et « Si le ciel n'eût voulu que Rome l'eût perdue/ Par les mains de Pompée il l'aurait défendue »105.

Et, pour illustrer la simultanéité, le temps de la principale étant au passé, on peut trouver cet exemple de concessive en concomitance : « Mais, quoique je l'aimasse et qu'il brûlât pour moi, / Une haine plus forte à tous deux fit la loi »106

Même si de nos jours, comme a dit Queneau, « le passé simple, l’imparfait du subjonctif ne sont plus employés dans la langue parlée »107, dans la langue écrite quelques

auteurs jouent carrément avec la concordance du subjonctif, exploitant ainsi les valeurs modales du Subjonctif 2 d’une façon littéraire, comme Saint-Exupéry, qui nous donne un

99Idem.

100 RACINE, J., op.cit., p. 102. 101Ibid., p. 82.

102 CORNEILLE, P., Cinna, Paris, Éditions Gallimard, Édition de Georges Forestier, 1994, p. 82. 103Ibid., p. 79.

104 CORNEILLE, P., op.cit., p. 53. 105Ibid., p. 64.

106Ibid., p. 110.

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exemple où le plus-que-parfait est inscrit dans un contexte à l’imparfait de l’indicatif : « Bernis apprenait tout de ce lieutenant, de ce capitaine. Il eût pu redire leur unique défaut, leur unique vertu : l’un jouait, l’autre était trop bon. »108

Ces exemples littéraires sont représentatifs des possibilités de la langue française selon l’interprétation de la règle de concordance temporelle par Paul Imbs ou selon le tableau systématique de concordance tiré du Précis de grammaire française de Grevisse. Nous avons vu que les emplois du subjonctif confirment ses valeurs modales, plus que temporelles. Ses emplois, de façon contraignante, optionnelle et sous l’angle de la polyphonie, montrent bien la particularité, tant au niveau énonciatif que stylistique des formes verbales de ce mode. Dans le chapitre suivant, nous allons comparer les valeurs du subjonctif français avec celles du subjonctif espagnol, pour voir si elles fonctionnent de la même façon et si la traduction d’une langue à l’autre est systématique, ou si chacune possède des traits caractéristiques.

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III. APPROCHE CONTRASTIVE: FRANÇAIS/ ESPAGNOL

Ce chapitre est intéressant car il touche plusieurs domaines : culture, traduction et littérature, des éléments transversaux et complémentaires à la fois. Le but de cette partie de mon travail est de faire une analyse contrastive de l’utilisation du subjonctif dans les deux langues, française et espagnole.

a. Les valeurs du subjonctif espagnol

Pour commencer, il faut faire une présentation du mode subjonctif en langue espagnole, de ses tiroirs et de ses valeurs. Le subjonctif espagnol «quizás sea, después del portugués, el más rico en formas y el más complejo sintácticamente de todas las lenguas romances»109. Il possède deux tiroirs verbaux de plus que le subjonctif français : quatre formes qui sont fréquemment utilisées et deux qui sont tombées en désuétude. Il faut dire que les quatre premières formes sont tout à fait courantes, indépendamment du niveau de langue en espagnol. C’est la première grande différence dont il faut tenir compte par rapport à l’emploi du subjonctif en français.

Voilà pourquoi, on peut parler de richesse du subjonctif espagnol car ce mode est utilisé bien davantage que son équivalent en français, limité en discours à deux temps : présent et passé. Les quatre tiroirs dont on se sert couramment sont répartis aspectuellement, de la même façon qu’en langue française, en deux formes simples et deux composées. Il est nécessaire de faire remarquer que les formes composées en espagnol sont toujours formées avec l’auxiliaire « haber », suivi du participe passé.

D’un côté, les deux formes simples employées couramment en espagnol : presente del subjuntivo et pretérito imperfecto del subjuntivo correspondent à celles du subjonctif

français, présent et imparfait du subjonctif. De l’autre, les deux formes composées : pretérito perfecto del subjuntivo et pretérito pluscuamperfecto del subjuntivo, se

rapportent à celles du subjonctif français, passé et plus-que-parfait du subjonctif. En ce qui concerne les temps pretérito imperfecto et pretérito pluscuamperfecto, ils possèdent en espagnol deux conjugaisons interchangeables : la forme en -ra (corriera, hubiera sabido) et la forme en -se (corriese, hubiese sabido).

Tandis que le français ne possède pas de tiroir futur, l’espagnol dispose de deux formes futuro simple et futuro perfecto, qui ne sont plus utilisées, de nos jours, à l’oral et

109 FERNÁNDEZ, J., "Apuntes para la enseñanza del subjuntivo a angloparlantes" en R. Fente, J. de Molina

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