L'ORDINATEUR ET LA CREATIVITE
RATIONALlSATION DU PROCESSUS DE CREATIVITE DANS L'ARCHITECTURE ET LA PEINTURE
Centre de Calcul de l'Université de Madrid Avril 1970
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION
L'ordinateur et la créativité
Par E. García Camarero ………..…... 5
ARCHITECTURE
Composition automatique d'espaces architectoniques
Par J. Segui de la Riva... ………...13
L'automate résidentiel
Par J. Navarro Baldeweg………..……..…..33
Architecture informatique
Par J. Navarro Baldeweg……….……...41 PEINTURE
L'ordinateur.- Expériences d'un peintre avec un outil nouveau
Par M. Barbadillo………...……… 51
Matière et vie
Par M. Barbadillo………...……….… 57
Peinture modulaire
Par F. Briones ………65
Introduction a I'esthétométrie hypothétique
Par J. M. de Prada Poole... 89
Actions gravitatoires dans la composition
Par J. M. de Prada Poole... 101
Génération d'un champ de structures concréto cinétiques planes
Par M. Quijido... 105
Génération autoniatique d'un processus de transformation de formes tridimensionnelles
Par J. L; Alexanco ………..………..…………..117
Exemple d'une application méthodologique alla suite d'un travail sur les structures géométriques
Par José María Yturralde ,... 127
COMPOSITION AUTOMATIQUE D'ESPACES ARCHITECTONIQUES
Par J. Seguí de la Riva, architecte
A. Introduction. Exposé du problème.
B. Analyses réalisées.
C. Objectifs.
A. INTRODUCTION
A.1. Le point de départ d'une théorie de la formalisation totale du processus de dessin est la définition d'une unité efficace sans laquelle il n'est possible ni d'opérer ni de décrire le milieu.
Dans les travaux sur le dessin, I’ unité la plus communément acceptée este le besoin humain.
"Un tel concept est remarquable, mais manque de substance empirique" (Studer). II est besoin d'une empirique qui possède, en outre, des caractères structurels. Studer plaide en faveur de la conduite humaine comme système. "Nous ne pouvons observer les besoins, nous ne pouvons que les découvrir au travers de leur contrepartie, la conduite".
Une enceinte dessinée est un système d'énergie et d'éléments matériels interposés entre une Collection de participants humains et de forces constitutives du milieu.
La théorie de "action conçoit la conduite comme un comportement orienté vers I’ obtention de fins, en situations, au moyen de dépenses réglées d'énergie.
A.2. Ce que I’ on peut observer empiriquement est la situation dans le temps. Les situations sont spatialisées et plusieurs d'entre elles, normalisée.
La situation considérée comme élément unitaire contiendra les éléments qui la complètent en tant qu'action, et sera effective pour le dessin si elle 'peut également être décrite métriquement.
La société fournit des situations totales divisibles de deux façons: soit désintégrant la situation totale offerte de manière plus ou moins arbitraire, soit divisant la conduite abritée en des activités différenciables. La tache de recherche et de codification d'unités est laborieuse mais fondamentale, si I’ on prétend parvenir à un exposé opérationnel. Les situations spatiales se trouvent la et sont objet de critiques impossibles à résoudre jusqu' à ce que nous ayons appris à les manier.
DIAGRAMME DE RELATION FONCTION- VARIABLES DERIVEES
Po ur cha qu e situ atio n glo bal e, un e cla ssif icat ion est un e
division du total en éléments. On fait correspondre une activité a chique élément. Selon ce système, la correspondance est ambigüe, car a une même situation spatiale, peuvent être liées, plusieurs situations différentes.
D'autre part, la conduite envisagée comme un enchainement d'activités est I’ objet de multiples autres classifications provenant des sciences humaines. Chaque classification permet de déduire des activités unitaires en tant qu'éléments de la continuité de I’ action. L'analyse des activités obtenues associe a chacune d'elles une structure~ spatiale enveloppante. Comme chaque activité est classifiée de façon différente selon le point de vue pris corme base, nous finissons par obtenir des unités empiriques d'espace à notes caractéristiques, ou plutôt, des références aux structures de base des classifications.
A.3. Maintenant, supposons que nous avons un ensemble de classes d'activités spatialisées. L'activité est encore décomposable a I’ infini en d'autres micro-activités. La situation spatiale correspondant a chaque activité est également décomposable indéfiniment en des sous- unités spatiales. L'échelle de décomposition ou groupement d'unités nous fixera les niveaux opérationnels: dessin, composition architectonique, organisation urbaine, etc...
Nous avons vu que nos unités a I’ échelle convenable contiennent leurs propres va lances structurelles (figures 1, 2, 3 et 4). L'analyse d'œuvres architectoniques se base sur I’ identification d'unités et, en conséquence, sur la découverte des structures. Au contraire, la synthèse créatique sera le maniement-syntactique des unités en relation avec les structures préétablies.
Dans la mesure Où s'étend la définition architectonique qui s'obtient dans le processus d'analyse de I’ activité spatialisée, on pourra formaliser méthodologiquement le problème.
Dans la mesure où la théorie_ a des ressources, elle pourra s'automatiser. Jusqu'à présent, \'extension de I’ analyse est limitée et partielle, mais cela n'empêche pas d'atteindre des méthodologies Inimitées où I’ ambigu rte a été, éliminée sur la base d'hypothèses non vérifiées.
Les essais réalisés ont montré la grande complexité du problème et son caractère probabiliste. En conséquence, I’ ordinateur et ses techniques s'offrent a nous comme d'efficaces auxiliaires. II est difficile de séparer les techniques du procédé automatique des essais méthodologiques, concrètement unis par de profondes analogies. II n'y a pas ase surprend si, présentement,’on choisit des modèles mathématiques et Ion force les unités analytiques au IIe de procéder de la façon inverse.
B. ANALYSES REALISEES
B.1. Nous allons maintenant exposer notre travail analytique antérieur aux notes développées, mais y lié de toute façon du fait qu'i1 les précède.
Nous choisissons "aire du bâtiment à cause de son importance et sa grande urgence sociale. II fallait commencer par, définir et décrire les unités de base, composantes des chaines faites, et des unités actives, supports des futures compositions possibles.
Le premier problème consistait à établir la façon de détecter les activités en situation. Le procédé suivi passa par les phases suivantes:
1. Décomposition de situations déjà spatialisées. A ce niveau, on commença par examiner les locaux spécifiques, leurs topologies et particularités de telle sorte qu'une liste des situations isolables fut élaborée.
DIAGRAME DE RELAT'ON VARIABLES
METABOLIQUES ET SENSORIELLES- FONCTION
2. Analyse de typologies situationnelles. Ici, on révisa les études de Neufert, de Griffini, des enquêtes sociales et quelques études du Centre Scientifique et Technique du Bâtiment.
Par un procédé analogue à I’ antérieur, des listes d'activités de situation isolables furent élaborées, Et ensuite, comparées avec les précédentes.
3. Analyse d'activités suivant la directrice de la conduite temporalisée pour divers types de rôles sociaux. On fit ainsi un c1assement des rôles par âge et par sexe, en étudiant les modèles
quotidiens, les principes d'étude de leur distribution et les changements d'activités normalisés. On obtint ainsi des listes qui permettaient qu'elles se complètent entre elles.
Cette étude suggéra I’ une des voies structurantes de base. Comme I’ observation séquentielle qui suggère des chaines normalisées d'activités est fondamentale pour I’ analyse, partir d'hypothèses de distribution probabiliste des activités de conduite est indispensable pour la génération compositrice.
4. En cote libre d'activités sous la directrice de certaines classifications typiques. Par exemple, les classes définies comme loisir, travail, service et végétative ou un processus d'éléments (énergie, matière, information). Sur ces idées premières, les sujets étaient requis ou des mots relationnels étaient découverts dans la littérature. C'est ainsi qu'on acheva de compléter un grand nombre d'activités en situation.
Comme Ion Yerra, le tableau final se réfère alla classification faite comme suggestion pour compléter la quatrième phase.
Dans la table 1, nous présentons des listes d'activités préalables au tableau des faits.
B.2. Une fois établie la liste des activités, une équipe se chargera d'analyser ce que nous finirons par appeler "caractériser fonctionnels" ou valeurs de définition que les activités possèdent en relation avec les champs d'analyse possibles.
Ces champs étaient quatre: le champ social, le psychologique, le biophysiologique et le perceptif.
Ce travail est une analyse préalable et très limitée de ce qu’Ion peut réellement parvenir à concrétiser. Cependant, c'est d'une façon provisoire qu'il fut réalisé dans le but fondamental, une fois qu’Ion avait trouvé certains caractériseurs, d'étudier les bases d'une syntaxe structurale plus réelle que celles qui étaient en usage jusqu'alors.
Dans les tables 2 et 3, une partie du tableau élaboré est offerte.
B.3. Parallèlement a I’ analyse des activités inventoriées, on essaya de développer des travaux de prise de contact avec la combinatoire spatiale et I’ ordinateur comme auxiliaire d'opérations.
Ces travaux eurent comme signification la prise de conscience du problème de composition et le premier pas vers la prise de conscience d'une logique syntactique comme point de départ d'une théorie générative d'espaces architectoniques
L'un des travaux réalisés est présenté dans I’ appendice X.
B.4. A la fin des analyses préalables, nous possédions un tableau factoriel d'activités-situations spatiales et I’ ensemble de leurs caractériseurs structurants, ensemble non fermé que nous prétendons maintenir ouvert et qu'il sera impossible de fermer, croyons-nous.
Voyons quelques observations relatives acète analyse.
DIAGRAMME GENERAL DES
CARACTERISEURS FONCTIONNELS
- En premier lieu, chacun des caractériseurs constants illustre des compatibilités ou d'escompatibilités de coïncidence fonctionnelle.
- Les caractériseurs variables (comme distribution. d'activités, fréquence et classification sociale), sont, en eux-memes structurants et permettent de formuler des hypothèses.
- Les enquêtes relatives aux façons particulières de concevoir la conduite, et même I’ analyse des discordances au moyen des produits élaborés, illustrent, comme dans les travaux d'Alexander, les modes particuliers d'organisation des pièces unitaires primaires.
- Les ressèmements spatiaux et les particularités des contextes d'emplacement définiront également des structurations partielles de grande importance.
- Enfin, il faudra jeter les fondements d'une systématique conceptuelle qui permette le traitement d'hypothèses d'organisation hiérarchique.
Les structures découvertes engloberont I’ ensemble de règles aléatoires de formation.
C. OBJECTIFS.
Systématiser un processus est une tache aussi grande qu'élaborer un modèle du procédé créateur humain, ou en d'autres termes, la' prise de contact avec des problèmes méthodologiques implique une. Observation directe de ces processus et la supposition de leur régularité.
"Le procédé d'élaboration a toujours été central dans toute méthodologie, tandis que I’
étude de la structure particulière du système est implicite dans beaucoup d'autres". "Une méthode de dessin se définit non seulement par la structure systématique, qu'elle partage avec l'édilistique, mais aussi par le procédé d'élaboration". (Guerra).
Toute classe de procédés d'élaboration est exprimée en forme cybernétique par Asinow, sous le schéma suivant: information - élaboration - décision - résultat - nouvelle information - seconde analyse - décision - résultat nouvelle information ...
Ce modèle permet de nombreuses particularisations et semble valable dans son ensemble. Mais tout procédé doit s'achever en une production et les c1asses d'opérations qui conduisent au résultat recouvrent le même champ. En particularisant son procédé, chaque auteur réorganise le système, tout en enrichissant quelques pasajes par le contenu de ceux qu'i1 supprime.
C.2. Apres avoir analysé les composants de la composition spatiale, le processus participe à des séquen les relativement autonomes et des secteurs en chambre noire. La seule règle à appliquer par un procédé est qu'i1 puisse parvenir à reproduire un résultat. De telle sorte que, dans I’ expérimentation du produit, on puisse modifier le procédé tout autant que ses bases.
Tout cela nous fournit une base analytique suffisamment riche pour tenter la mise au point de procédés élaborés qui serviront principalement à mettre a I’ épreuve nos hypothèses,
Les schémas que nous utiliserons, basés sur les considérations faites (figure 5 et 6), ont été prouvés de manière non automatique en des élaborations traditionnelles. Plusieurs secteurs de nos schémas devront être couverts par de rigides hypothèses. Mais actuellement, nous nous contentons de les utiliser comme guides de nos efforts.
LESPOINTS FIXES, LE MILlEU ET LES HYPOTHESES ANTHROPO LOGIQUES CONFORMENT L'ORDRE ELEMENTAIRE DONT LES UNITES SERONT LES ELEMENTS
LES UNITES CONSTRUCTIVES SONT COMPOSES PAR LES UNI TES BASIQUES
LES UNITES BASIQUES SONT DETERMINES PAR LES FONCTIONS
ACTIVITES VEGETATIVES PRIMAlRES
RESPIRATION Est générique et se fie aux installations; elle ne requiert que,'existence d'un air possédant certaines caractéristiques déterminées.
ALIMENTATION arrivé arranger s'installer déglutition se lever
remettre comme avant s'en aller
TRANSPIRATION Elle requiert une composition déterminée de I’ air, degré d'humidité, température, etc.
CONNAISSANCE SENSIBLE Requiert des stimulations sensorielles, vue, ourle, toucher, gout, odorat.
MALADIE Rupture d'équilibre physiologique. Limite les positions et restreint les activités possibles.
EXERCICE PHYSIQUE ELEMENTAlRE Peut se réaliser n'importe comment et n'importe où, a condition d'avoir de /'espace.
SEXUALISATION Elle nait en relation avec des stimulations sensorielles du milieu ambiant indépendamment de I’ organisation spatiale.
ETC. ETC…
ACTIVITES SOCIALlSEES
EXERCICE PHYSIQUE ORGANISE arriver
arranger le milieu s'isoler ou pas s'exercer
remettre comme avant sortir
EXPANSION VERBALE arrive
Arranger le milieu Se grouper a I’ ecart communiquer
remettre comme avant sortir
Table 1
ACTE SEXUEL arrivé
coïncider, bavarder arranger le milieu faire I'action
remettre comme avant sortir ou pas
ETC. ETC....
ACTIVITES CULTURELLES DE LOlSIR
LIRE arrive
ECRIRE mettre en place DESSINER préparer les objets PEINDRE s'installer
SCULPTER s'isoler (relativement) PHOTOGRAPHIER exécuter I’ action
INVENTER pouvoir abandonner le travail à demi EXPERIMENTER ranger les objets
PLANIFIER remettre comme avant COLLECTIONNER s'en aller
ETC. ETC.. ..
Table 2
Table 2 (continuation)
Table 3
